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Interviewé par Forum Chine et Francophonie - 中国和法语国家论坛

 

Li Fang (李芳) peintre chinoise, de la tradition à la modernité.

le 27 janvier 2013

 

Li Fang m'a reçu avec chaleur dans son atelier de la région parisienne. Pendant qu'elle me préparait un thé chinois, les toiles accrochées aux murs me sautaient à la figure.

Vos toiles sont vivantes, dynamiques, et pourtant elles m'angoissent !

Dans la peinture traditionnelle chinoise, "peindre" se dit aussi "Xié" = écrire ou encore "xié yi" (写意), c'est à dire "dessiner ou peindre d'après mes impressions, donner du sens et une atmosphère à ce que je dessine.
Dans la tradition, il faut laisser la peinture "respirer", grâce à l'équilibre entre le plein et le vide, entre le blanc et les traits. La peinture est d'inspiration spirituelle, c'est l'énergie vitale qui sort de moi par le pinceau :
"Si tu veux peindre le bambou, sois d'abord le bambou !" en cela le peintre rejoint l'énergie vitale de l'univers. Quand, après des heures, j'arrive à cela, à cette énergie fluide qui sort de moi, alors c'est le bonheur.
La technique occidentale ne correspond pas cet esprit de la peinture classique chinoise, l'huile n'a pas la fluidité de l'encre, la toile n'absorbe pas comme le papier de riz ou comme la soie, le pinceau occidental, "la brosse", ne pose pas la matière avec la même fluidité.
C'est cet esprit de la peinture chinoise qui m'a conduite à la technique que j'utilise aujourd'hui dans la série "les Passants", exposée à Lille. J'adapte la technique de l'occident pour exprimer quelque chose de vivifiant, de frais, de léger, je veux du rythme, du mouvement, c'est aujourd'hui, c'est vivant !
Dans ces toiles, il n'y a pas de décor, il est remplacé par le blanc de la toile, qui signifie le vide, l’espace et la lumière, c'est intemporel, mes personnages n'ont pas non plus de regard, ils sont "anonymes" c'est ce qui leur donne une dimension universelle, ils sont les citadins du XXI° siècle, c'est nous tous. C’est peut être cette absence de regard qui vous angoisse.
 


Li Fang dans son appartement-atelier


En fait vous réalisez un syncrétisme des deux modes d'expression picturale, mais pourquoi avez-vous quitté la Chine ?

Je suis venue en 2001, quand la France a ouvert plus largement ses portes aux étudiants chinois. J'ai démissionné de mon poste de fonctionnaire et ce sont mes parents qui m'ont payé mes études en France. C'est vrai, j'étais professeur d'Arts Plastiques, je commençais à être reconnue en Chine mais la France, pour moi c'était l'Art, la Peinture, j'avais appris tout ça dans mes études mais cela ne me suffisait pas. Je ne me sentais pas aussi libre qu'ici, j'avais l'impression que je ne pouvais pas aller plus loin, prisonnière de l’expression picturale et des sujets influencés par la politique.
Et pourtant mes toiles sont exposées actuellement à la biennale de Shanghai, dans l'aérogare internationale de Pudong !

A quoi travaillez-vous actuellement ?

Je suis en cours de réalisation d’une série de toiles inspirées d’Ai Wei Wei, pour une exposition personnelle à Genève pour l'année prochaine.

C'est encore secret, nous en reparlerons en temps voulu !

 

Albert Helly